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Apogée ?
Après quelques péripéties et bouchons, nous arrivons à la réception de l’hôtel et nous sourions d’être accueillis par le même homme que quelques semaines plus tôt lorsque nous sommes venus passer juste un agréable après-midi en ces lieux. Cette fois nous sommes heureux de pouvoir rester jusqu’au petit déjeuner.
C’est notre première soirée et nuit ensemble, et elle a quelque chose de particulier. Oui, il y a ce sentiment de culpabilité d’être des amants clandestins qui pèse un premier temps sur ton état d’esprit, oui, il y a cette crainte que cette soirée ne soit pas à la hauteur de nos attentes, mais les mots et le plaisir d’être ensemble balayent petit à petit ces frayeurs. Les gestes tendres et le premier câlin aussi. Nous prenons le temps de nous savourer en douceur, toutefois l’heure tourne et si le sauna proposé par l’établissement ne correspond pas à notre envie du moment, nous décidons d’une pause dans nos câlins pour combler nos appétits au restaurant juste au rez de chaussée de l’hôtel.
Envie de nous faire beaux pour ce premier dîner, toi avec une chemise que je t’ai demandé d’apporter, moi avec une petite robe courte et moulante. Je prends le temps d’un peu de maquillage et de mettre entre tes mains un petit jouet. Je suis heureuse de te surprendre ainsi, et de te voir le sourire aux lèvres, le regard pétillant.
A peine le temps de sortir de l’ascenseur, et nous voilà attablés l’un en face de l’autre. Le reste de la soirée ne sera à mes yeux qu’enlacement de nos mains sur la table, échanges de baisers et plongée dans tes yeux. Me voilà simplement heureuse. Amoureuse. L’impression qu’il n’y a que toi et moi et personne d’autre. Nous sommes dans notre bulle. Une bien jolie bulle. Je crois que jamais je ne m’étais sentie ainsi, autant sur un nuage, si près géographiquement de mon quotidien, mais en même temps si loin de tout, car heureuse d’être en face de toi. Je n’avais jamais eu l’occasion de vivre ainsi de cette façon un dîner en amoureux.
L’impression d’être une adolescente qui découvre l’amour. Yeux dans les yeux, main dans la main et le cœur qui bat. Non, même pas avec mon mari je n’avais vécu cela, car avec lui, les choses se sont construites petit à petit, il n’y avait pas eu cette évidence et cette concordance des temps, j’avais aussi moins d’assurance et de confiance en moi pour pouvoir assumer pleinement ce que je ressentais à l’époque.
J’aurai aimé arrêter le temps ce soir-là, ou avoir le pouvoir de revivre cette soirée encore et encore. Mais il est impossible d’arrêter le temps, et beaucoup de choses se sont passées depuis. Tellement, en si peu de temps, que j’ai l’impression parfois d’avoir appuyé involontairement sur le bouton « Accélérer ». Seulement, c’est certain, aucun retour arrière n’est possible, et la situation est telle aujourd’hui, que je sais que je ne pourrais plus avoir ce sentiment de plénitude et de bien être dans tes yeux, car désormais, je sais que nous ne sommes plus « seuls au monde »…